Aural Perspectives on Film Theory
Trond Lundemo
Stockholm Universiteit
Edouard Arnoldy
Université de Lille
Marie Rebecchi
Aix-Marseille Université/Università degli Studi di Udine
The Sonic Dimensions of the Concept of Montage
Trond Lundemo (Stockholm Universiteit)
Despite its nebulous origins, it is well known that the theorization of the concept of montage drew extensively on musical and aural concepts. Dziga Vertov based his montage practice on the concept of the ’interval’, and furnished the Kinoglaz with a sonic counterpart in the ’Radio-Ear’. Sergei Eisenstein developed multiple sonic concepts to understand and explain how montage may work.
This presentation aims, firstly, to ask if these sonic concepts can serve to develop new archaeologies of the concept of montage. The origins of the concept in the Soviet context lie with Kuleshov, but still the ways in which it evolved in the the Soviet Union remain unclear. Could sonic theoretical concepts and metaphors elucidate the emergence of the concept of montage in film theory?
Trond Lundemo
Associate Professor at the Department of Media Studies, Section for Cinema Studies at Stockholm University. Co-editor of the book series "Film Theory in Media History” at Amsterdam University Press and Steering Committee member of the European Network for Cinema and Media Studies (NECS) between 2011 and 2015. Visiting professor at Seijo University in Tokyo on four occasions. Co-editor of the anthologies Memory in Motion. Archives, Technology and the Social (Amsterdam University Press, 2016) and Minne, medier och materialitet (Makadam, 2016). Research interests: film theory, media archaeology, social memory and technology studies, film censorship and theories of the archive.
De la valeur critique du son au cinéma. Autour du bruit éprouvant
Edouard Arnoldy (Universitè de Lille)
Le bruit éprouvant doit être envisagé tel un parcours parmi les films de quelques cinéastes qui ont en commun de penser le cinéma comme un dispositif audio visuel, où le son et l’image sont indissociables , où l’un ne prévaut pas sur l’autre. L’hypothèse de cette recherche est celle-là: les réalisateurs de films ou les artistes œuvrant aux frontières du 7 Art qui éprouvent le cinéma ne dissocient jamais l’image et le son d’un dispositif où se croisent et s’activent le regard et l’écoute du cinéaste, des acteurs et des spectateurs, ensemble. Pourtant, rares sont les films qui sont ainsi travaillés par le son. Plus exceptionnelles encore sont les expériences cinématographiques qui accordent une place prépondérante au bruit, cet élément de la «bande-son» qu’on évite le plus souvent de faire entendre.
Edouard Arnoldy
Edouard Arnoldy est Professeur en Études cinématographiques à l’Université de Lille, où il est responsable du parcours Archives en Études cinématographiques et membre du Centre d’étude des arts con temporains (CEAC). Ses recherches portent essentiellement sur des questions d’historiographie du cinéma, avec une attention particulière aux travaux de Siegfried Kracauer. Il est l’auteur d’articles et d’ouvrages concernés par les liens du cinéma à d’autres pratiques artistiques et médiatiques (avec un intérêt prononcé pour la «matière sonore» du cinéma). Il a notamment écrit Pour une histoire culturelle du cinéma. Au-devant de «scènes filmées», de «films chantants et parlant» et de comédies musicales (Liège, Céfal, 2004), Histoires croisées des images. Objets et méthodes (direction, Montréal, CINéMAS, vol. 14, n° 2-3, 2004), À perte de vues. Images et «nouvelles technologies », d’hier et d’aujourd’hui (Bruxelles, Labor, coll. «Images », 2005) et Gus Van Sant. Le cinéma entre les nuages (Crisnée, Yellow Now, 2009). Ses deux derniers livres sont Le Bruit éprouvant (au cinéma) (Bruxelles, La Lettre Volée, coll. « Essais », 2018) et Fissures. Théorie critique du film et de l'histoire du cinéma d’après Siegfried Kracauer (Paris, Mimésis, coll. « Images, médiums », 2018).
Ur-Geräusch : Kittler avec Rilke Archéologie des médias et son
Marie Rebecchi (Aix-Marseille Université/Università degli Studi di Udine)
C’est à Friedrich Kittler, théoricien de la littérature et des médias, que nous devons l’hypothèse selon laquelle grâce à l'invention de trois médias (gramophone, film et machine à écrire), et à leur diffusion au cours des trois dernières décennies du XIX siècle, s’ouvre l’ère des nouveaux médias techniques (Mediengründerzeit).« Les médias établissent notre condition. Et pour cette raison, cette situation doit être décrite». Avec cet énoncé, Kittler ouvre son texte Grammophon, Film, Typewriter (1986), et pose les jalons pour une réflexion fondamentale dans le cadre des études sur la culture et la philosophie des médias allemande (Medienwissenschaft). La condition de pouvoir « lire ce qui n’a jamais été écrit » (Hugo von Hofmannsthal), selon Kittler, est également présente dans les descriptions littéraires de Rainer Maria Rilke consacrées au phonographe. En 1919 dans son essaie Bruit originaire (Ur-Geräusch), Rilke voit dans un crâne humain une trace de phonographe : « La suture sagittale du crâne (c'est là ce qu'il faudrait d'abord examiner) offre —acceptons-le — une certaine ressemblance avec la ligne aux denses sinuosités que grave la pointe d'un phonographe sur le cylindre de l'appareil qui, dans sa rotation, enregistre». L’acoustique émerge de la physiologie, affirme Kittler, et la technique de la nature.
Marie Rebecchi
Maître de conférences en Esthétique du cinéma à l’Université de Aix-Marseille. Après des études de philosophie en Italie elle a poursuivi son travail de recherche et enseignement en France (à l'EHESS et à Paris 3 Sorbonne Nouvelle). Avec Elena Vogman et Till Gathmann, elle a organisé les expositions Sergeï Eisenstein. The Anthropology of Rhythm (Nomas, Rome, 2017), Eccentric Values after Eisenstein (Espace Diaphanes, Berlin 2018), et en a co-dirigé la publication (NERO, 2017). Son livre Paris 1929. Eisenstein, Bataille, Buñuel (Mimésis, Images médiums, 2018) retrace l'histoire d'une série de rencontres qui ont eu lieu entre 1929 et 1930, lors du séjour de Sergueï Eisenstein à Paris. Avec Teresa Castro et Perig Pitrou elle a co-dirigé le livre Puissances du végétal et cinéma animiste. La vitalité révélée par la technique (Les presses du réel, 2020). Avec Antonio Somaini et Éline Grignard elle organise l'exposition Time Machine. Cinematic Temporalities (Parme, 2020) et en co-dirige la publication (Skira, 2020).